BENJAMIN NOVA comme BENOVA
BENJAMIN NOVA comme BENOVA
Cyclecars et voiturettes, profitons de la fermeture de le pêche pour approcher de près quelques productions de Maurice Jeanson,
Ne pas confondre BENOVA et BELUGA
L’histoire avait commencé avec BENJAMIN
Les productions de Maurice Jeanson, un industriel connu dans le milieu aéronautique pour avoir conçu des hydravions avec l'aide de l'ingénieur Colliex.
MAURICE COLLIEX "1er Pilote d’Essai au monde" http://www.maurice-colliex.fr
Mais l'après-guerre n'est plus aussi favorable aux productions aéronautiques et pour maintenir une activité décente à ses employés et éviter ainsi la fermeture de son usine d'Asnières sise au 139 bd Voltaire, il décide comme tant d'autre de jouer le tout pour le tout et de se tourner vers l'automobile avec notamment la production de cyclecars sportifs oh combien à la mode dans ces années folles.
Il choisit la marque commerciale "BENJAMIN" en rapport avec le prénom de son neveu selon certains ...pour commercialiser le type A, un joli cyclecar techniquement intéressant animé par un tonic 4 cylindres de 751 cm3 développant 11ch qui sera suivi par une version sportive de 950 cm3 (Type C) puis par une déclinaison bicylindres de 547 cm3 le type B.
1921_ Type A
1922_ Type B - 1922_ Type C - BENJAMIN 5 HP Type B cyclecar de course https://www.bonhams.com/auctions/24882/lot/302/ - Type C - Victoire au Tour de France
Si au départ le cyclecar est né pour échapper aux taxes touchants les voitures de plus de 350kg il fut par la suite l'occasion pour de nombreux amateurs de goûter à l'ivresse de la course à moindre coût rendant du coup ainsi accessible (enfin relativement mais quand même !) ce sport élitiste et transmette par la suite ce virus aux générations suivantes qui mèneront tambour battant R8 Gordini et autres 205 survitaminées dans de vives compétitions de tous rangs.
1923_ Victoire au Bol d'Or catégorie 750 cm3 - BENJAMIN PMS
Commercialement, ces véhicules sont aussi la réponse des "constructeurs artisans" aux grands constructeurs comme Peugeot qui à la même époque inonde le marché avec sa célèbre 4cv Quadrillette et ses deux places tandem (type 161) ou décalées (type 161 E).
Quadrilette PEUGEOT
" BENJAMIN " n'aura de cesse de communiquer sur l'aspect sportif de ses engins pour contraster avec la sagesse de la Peugeot et attirer à lui une partie de cette jeunesse découvrant les joies de l'automobile avec un certain succès.
Cette gamme a en commun un châssis bien né et une carrosserie "Tout Acier" innovation pour le moins audacieuse à l'époque qui place de fait la firme dans le carré des marques innovantes et mieux valait savoir défendre sa place car en matière automobile la technique évoluait si vite que seuls survivaient ceux qui parvenaient à convaincre par des solutions toujours plus surprenante et cohérentes.
Les clients sont au rendez-vous et la petite usine connaît de belles cadences de production car cette première génération est un véritable succès tant dans les rues de Paris que sur les circuits où la firme brille par l'excellence de ses bolides.
Une escapade outre-Rhin dévoile à Jeanson les vertus des moteurs deux temps très en vogue à Berlin, Munich ou Hambourg et qui équipent nombre de cyclecars teutoniques mais aussi de véritable voitures comme les DKW.
DKW
De retour à Asnières , il présente en 1924 sa nouvelle gamme de véhicules basés autours du moteur deux temps en commençant par une voiture avec un moteur bicylindres de 525 cm3 monté à l'arrière du châssis qui ne trouvera pas son public peut-être en raison d'un excès d'innovation ?.
Sûrement car au cours de la même année la firme revient à plus d'orthodoxie dans la disposition du moteur toujours à deux temps mais qui retrouve sa place devant et c'est ainsi que naissent les type P2 Duplex 6/12ch doté du bicylindres gonflé à 750 cm3 et le P3 Triplex 9/18cv animé par un 3 cylindres 2 temps de 1125cm3.
1924_ Type P2 6/12 - Type P3 9/18 - Type P3 Sport
Malheureusement pour notre chef d'entreprise son enthousiasme pour le deux temps n'est pas partagé par ses clients en raison d'une fiabilité aléatoire et la fiscalité automobile changeante parallèlement à la réduction des coûts des fabrications en grande série des poids lourds du secteur le mettent en difficulté.
La firme se doit de réagir au plus vite et offrir autre chose à sa clientèle car désormais elle se trouve directement en concurrence avec une offre de vraies automobiles financièrement abordables telle que la Trèfle de Citroën qui en terme d'image apportent bien plus au statut social de ces nouveaux automobilistes !
Trèfle CITROËN
Cependant rien n'arrête Jeanson qui abandonne le moteur deux temps et inaugure en 1925 une nouvelle usine à Gennevilliers au 39 rue de Paris pour y produire en quantité industrielle ses nouveaux modèles type 5/10cv et 7/22cv extrapolés dans l'urgence et par mesure d'économie des anciens types P2 et P3 dont ils conservent l'ensemble des caractéristiques à l'exception des moteurs 4 temps de 1100cm3 et 945 cm3 désormais fournis par "Chapuis-Dornier".
BENOVA B3 torpédo 1929
« La firme BENJAMIN, créée en 1921 par Maurice Jeanson, était spécialisée dans les cyclecars et les voiturettes qui jouissaient à l’époque d’une taxation préférentielle par rapport aux vraies automobiles et connurent de ce fait un certain engouement, jusqu’à l’apparition de voiture populaires bon marché du type des Peugeot 201.
Peugeot 201
Pour accroître les ventes, une société financière baptisée BENJAMIN NOVA fut créée en 1926 pour proposer un crédit sur 12 mois aux clients, ancêtre de nos crédits à la consommation, afin de faciliter leur accès à l’automobile. Suite à une gestion mal maîtrisée, en 1927 BENJAMIN faisait faillite. Mais Jeanson put reprendre ses activités sous la marque "BENOVA" avec le soutien de son banquier et associé. BENOVA proposait désormais de luxueuse 1 500 cm3 à 8 cylindres en ligne Scap porté à 2 litres en 1929, à côté de modèles 4 cylindres de 945 cm3 à 2, 1 litres. La marque disparut en 1931. La BENOVA type B3 produite de fin en 1927 à 1929, est un cyclecar équipé d'un moteur Chapuis-Dornier à soupapes latérales de 945 cm3 et d'une boîte de vitesse à 3 rapports proche des Benjamin ».
http://leclere-mdv.com/html/fiche.jsp?id=6971270&np=1&lng=fr&npp=10000&ordre=&aff=&r=&sold=
La même avant restauration http://tricyclecaristes.1fr1.net/t86-benjamin-benova
1927_ Type 7/22 - BENOVA 5cv
L'investissement est à la hauteur des espérances de son fondateur c'est à dire gigantesque pour une aussi petite firme telle que "BENJAMIN" qui à l'instar de la célèbre Fable de La Fontaine va se mesurer à la bête à corne qu'est Citroën.
L'astuce voir le génie de Jeanson est d'avoir misé sur la voiture "Caméléon" c'est à dire un modèle universel transformable à l'envie en "touriste" 4 ou 6 places , en "torpédo", en "commerciale", en "fourgon" voir en "charrette normande" le tout pour un prix ultra compétitif de 2800 Fr. ... voilà de quoi relativiser presque 80 ans plus tard la fraîcheur modulable de certaines automobiles modernes.
L'année de référence pour cette firme que rien ne semble arrêter et qui assure son développement grâce au crédit qui offre aux plus modestes la possibilité d'acquérir la sacro-sainte automobile en 12 mensualités pour 200 fr de plus ... succès garanti.
La firme confia à la Société Générale le soin de gérer la mise en force de ces crédits à travers une nouvelle entité financière dénommée " BENJAMIN NOVA " dans laquelle BENJAMIN était caution personnelle et qui lui permis de remplir confortablement ses carnets de commandes mais cette euphorie fut de courte durée car en 1927 une conjoncture économique moins favorable mis à mal tout l'édifice qui s'écroula avec fracas.
La faillite fut déclarée la même année et une des raisons de cette chute fut principalement une mauvaise gestion des risques en terme de crédit ainsi qu'une erreur de stratégie lorsque l'entreprise se porta garant auprès du banquier du bon remboursement de sa clientèle pour les crédits qui leur étaient accordés !!!
La liquidation ne fut pas prononcée car d'un commun accord les créanciers laissèrent un sursis à Jeanson qui put reprendre son activité sous le contrôle étroit d'un conseil de surveillance où siégeait son principal créancier bancaire.
Cette perte d'indépendance entraîna le changement de raison sociale au profit de .... "BENOVA" .
Celle-ci se démarqua de l'esprit originel en allant jusqu' à proposer une luxueuse 1500 cm3 à 8 cylindres en ligne motorisée par Scap ainsi qu'une évolution pour le millésime 1929 portant la cylindrée à 2 litres ... un nirvana bien évidemment accessible en crédit .
1929 BENOVA Moteur Chapuis-Dornier 5 ch Vitesse maxi : 70 km/h - Benova 2 litres 8 cylindres
http://www.encyclautomobile.fr/fr/encyclauto/automobile/benova/b3-coach.html
Mais le temps n'est plus favorable à ce genre d'excentricité et la grande dépression laissera sur le carreau cette entreprise qui eut le malheur d'avoir une trésorerie fragilisée par ce qui fit son succès : le crédit et ses traites à jamais impayées par des clients aux abois
1930_... on y croit encore !
Une diversification sous la marque "BENJAMIN" dans la bicyclette et la moto revenues à la mode en ces temps de crise , preuve de l'étonnante adaptation de cette société à son environnement, ne changera malheureusement rien à son funeste destin et la faillite sera prononcée en 1931, une bien triste fin !
Dans un document, il semble aussi que des camions BENOVA aient été construits ....
Photos BENJAMIN en noir et blanc https://gallica.bnf.fr/services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&startRecord=15&maximumRecords=15&page=2&query=%28gallica%20all%20%22AUTOMOBILE%20BENJAMIN%22%29#resultat-id-17
Article réalisé avec l’aide de Par pitcats dans Les Exhumations
Remerciements tout particulièrement à René
@ LES SOUPAPES AVIGNONNAISES. COM
Une production LE RENDEZ-VOUS DE LA REINE